Végé, vegan, sans gluten… Les repas de famille commencent parfois mal dès la composition du menu. Alors que 39% des Français suivent un régime alimentaire particulier, d’après un rapport publié par Statista Consumer Insights*, le faire accepter à ses proches, n’est pas toujours aisé.
« Ce n’est pas juste un régime, c’est une part de qui on est », explique la chercheuse en psychologie sociale, Cara MacInnis. Derrière les étiquettes se trouvent pourtant des considérations environnementales, philosophiques, ou tout simplement médicales.
*Sondage réalisé en France par Statista Consumer Insights auprès de 2 022 personnes de 18 à 64 ans, entre janvier et décembre 2023.
Boîte noire
ChatGPT 4
HeyGen
DeepL
Mon projet ? Utiliser l’IA pour créer une vidéo explicative sur Instagram en l’illustrant à travers des témoignages et en l’expliquant grâce à un.e expert.e.
Étape 1 : La recherche
Je demande d’abord à ChatGPT de m’écrire le script d’une vidéo journalistique à destination d’Instagram, en indiquant la durée, deux minutes. Je suis assez impressionnée : l’IA m’indique un titre « Le festin des frictions : les raisons des tensions alimentaires familiales », des plans d’ouverture (« vue d’une table familiale avec divers plats ») et une voix off « dans cette enquête spéciale, nous explorons les raisons profondes derrière les tensions alimentaires familiales ». Enquête spéciale, débats télévisés… Dans ses résultats, l’IA montre une confusion dans les genres et les codes des réseaux sociaux.
Elle me propose aussi divers interlocuteurs : un psychologue, des membres de la famille qui expriment leurs frustrations, un nutritionniste, des experts.
À la fin, elle me rappelle de demander aux internautes de s’exprimer dans les commentaires avec le #NourrirLHarmonie #FamilleUnie. Bon, je salue l’initiative mais je ne suis pas tout à fait convaincue par les hashtags.
Étape 2 : Trouver des experts
Je lui demande de me trouver un « expert français vivant » sur le sujet. Dans la liste, les deux premiers noms sont intéressants, la troisième n’est pas pertinente et le quatrième sur la liste est mort. « Bien que décédé en 2001, Jean-Louis Flandrin était un historien spécialisé dans l’histoire de l’alimentation et de la gastronomie », indique l’intelligence artificielle. On notera le biais de genre : ce sont deux hommes qu’on me propose en premier. Par contre, pour trouver les coordonnées, il me rappelle que cette tâche ne relève pas de ses fonctions : « Je suis désolé, mais je ne dispose pas de capacités pour rechercher des contacts spécifiques comme des adresses e-mail ou des numéros de téléphone personnels ». Back to Google then…
Étape 3 : Le montage
J’ai besoin d’anonymiser une source qui ne veut pas que son image soit utilisée. Je fais donc appel à HeyGen, qui me permet de créer un avatar tout en utilisant sa voix. L’avatar parle avec la voix de ma source, ça c’est vraiment intéressant en termes de journalisme.
Comme je n’ai pas pu faire de visioconférence avec toutes mes sources, j’ai testé cette fonction avec mes autres témoins qui m’y autorisent, curieux, et m’envoient une photo d’eux.
J’apprends donc qu’on peut transformer une photo statique en vidéo grâce à HeyGen.
J’attendais beaucoup de l’IA, comme si elle pouvait être une solution magique, une réponse à toutes mes questions. En réalité, il vaut vraiment mieux connaître les fonctions de chaque logiciel pour éviter de perdre du temps.
ChatGPT : La plateforme ne comprend pas encore tout à fait les codes des formats et est encore en train d’apprendre, de se nourrir. C’est ce que j’ai constaté pendant l’étape de recherche. Pour trouver des contacts, c’est un bon complément de Google mais il ne peut pas être utilisé seul.
DeepL : Une IA déjà connue du grand public, son utilisation pour traduire l’interview de la chercheuse m’a permis de gagner un peu de temps.
HeyGen : Je suis loin d’être 100% convaincue, surtout pour l’avatar d’une de mes témoins où l’on voit qu’il y a quelque chose de faux : ça suscite le doute et je préfère utiliser une image statique avec une icône audio que l’on anime. Je reste plutôt satisfaite pour une autre source, on y croit plus. Peut-être que dans quelques mois, l’illusion sera parfaite, mais je m’interroge sur la réaction de notre public : l’utilisation de l’IA ne va-t-elle pas accroître la méfiance envers les médias ?
Pour moi, l’IA reste un outil complémentaire, mais son utilisation seule n’est pas possible et soulève des questionnements éthiques et moraux : puis-je animer l’image d’une personne sans son consentement ? En tout cas, sa régulation me paraît indispensable.
