INFOGRAPHIE – L’invasion russe de l’Ukraine, l’un des premiers pays producteurs de blé en Europe, a rappelé aux sociétés occidentales la fragilité des équilibres qui garantissent la paix, et nos approvisionnements en nourriture. Si la France est l’une des puissances agricoles au niveau mondial en termes de production, le pays reste lourdement dépendant de partenaires commerciaux, européens ou plus éloignés, pour certains produits. Ce qui le contraint à tolérer certaines pratiques, parfois peu respectueuses de l’environnement.
La France n’importe pas plus de 20 % de sa consommation alimentaire globale, selon les chiffres de FranceAgriMer (2023). Pour la plupart des productions qui ne poussent pas dans l’Hexagone, le pays veille à diversifier ses fournisseurs, pour ne pas dépendre d’un seul partenaire économique. En croisant deux données, le taux de couverture de la consommation par la production nationale et la part que représente le premier pays étranger qui nous fournit, on observe que certains aliments sont peu produits en France, et reposent lourdement sur un seul pays exportateur. Leur point commun : tous génèrent des tensions en raison de leur impact environnemental.
Brésil : déforester pour faire pousser du soja
Que ce soit pour l’alimentation des animaux élevés en France ou pour satisfaire une demande des consommateurs végétariens, la production de soja est un enjeu grandissant. La France n’en produit qu’un petit tiers de sa consommation. Le Brésil, quant à lui, est le premier pays à en exporter vers l’Hexagone, représentant 39 % des importations. Au prix de la déforestation accélérée du poumon vert de la planète, la forêt amazonienne.
La déforestation dans la région du Cerrado au Brésil, d’une taille de 1,5 million de km² au centre du pays, continue de poser des défis environnementaux significatifs, notamment en raison de l’expansion des cultures de soja destinées à l’exportation. Ce soja, largement utilisé pour l’alimentation animale en Europe, y compris en France, est un des grands facteurs de la perte de biodiversité dans cette région. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture a estimé une perte de 420 millions d’hectares de forêt depuis 1990. Malgré la signature d’un accord européen sur la déforestation importée (2023) avec lequel les entreprises doivent se mettre en conformité avant la fin de l’année, un nouveau rapport de l’organisation Mighty Earth documente des nouveaux cas de déboisements. (Sources : Le Monde, Greenpeace, Ifip)
Canada : colza OGM contre règles françaises
La France produit une grande partie de ses céréales. Mais pour le colza, la production intérieure ne dépasse pas 63 %. Le Canada représente à lui seul 57 % du colza importé. Rare partenaire commercial d’importance situé en dehors du marché libre européen, le pays cultive certains organismes génétiquement modifiés, une pratique interdite en Europe. L’importation d’OGM en Europe est un sujet débattu à chaque négociation du traité de libre-échange entre l’Union et le Canada, le Ceta.
Les nouvelles réglementations du pays nordique sur les OGM ont d’ailleurs suscité une controverse. Depuis 2022, les produits modifiés par CRISPR (une méthode de modification génétique qui permet d’éditer précisément l’ADN des organismes) peuvent, dans certains cas, être exemptés d’une évaluation des risques. Cette mesure a éveillé des craintes dans le pays concernant l’insertion accidentelle de séquences d’ADN étranger dans certains aliments, et ses conséquences sur la santé et sur la diversité génétique. (Sources : Pollinis, Infogm, Terre-net, Lautjournal)
Espagne : le poulpe de la discorde
C’est une famille d’aliments que l’on importe en très faibles quantités. Mais la France est incapable d’en produire. À l’inverse, notre voisin espagnol pèse très lourd dans sa commercialisation. Poulpe, calmar, seiche…, les importations espagnoles de céphalopodes (54 % des importations vers la France) ont acquis un statut de pivot économique essentiel pour répondre à la demande française. Cette situation met en lumière les défis de la diversité biologique et de la durabilité dans la chaîne d’approvisionnement maritime.
Un élevage en batterie de poulpes au large des îles Canaries suscite des inquiétudes parmi les défenseurs de l’environnement et des animaux, notamment l’ONG Compassion in World Farming, qui demande aux gouvernements des pays concernés (Espagne, Japon, Mexique et États-Unis) d’annuler le projet de ferme marine de la multinationale Nueva Pescanova. Ce projet, le premier du genre à l’international, est préoccupant car il pourrait entraîner des souffrances pour les poulpes, connus pour leur intelligence et leur vie solitaire, non adaptée à la captivité, qui pourrait les amener au cannibalisme. Certains craignent que cette pratique ait des conséquences négatives sur l’écosystème, notamment en termes de biodiversité et de pollution (alimentation des poulpes par des poissons d’élevage, émissions de CO2). (Sources : Le Monde, Reporterre)
Boîte noire
ChatGPT 4
Premier défi : demander à ChatGPT d’isoler des données ciblées dans un document PDF, et de les ranger dans un tableau. Consigne comprise. L’outil s’exécute, me donne des résultats conformes à ceux que je vérifie manuellement dans le document d’origine… Jusqu’à m’apercevoir qu’il fait parfois des erreurs. Je me rends vite compte que vérifier une à une les données reproduites par ChatGPT revient à les recopier moi-même dans un tableau, ce que je finis par faire.
Deuxième défi : demander à ChatGPT de me dire ce qu’il sait au sujet de la production espagnole de céphalopodes, dans l’espoir qu’il trouve à ma place des informations pertinentes à inclure dans mon article. Consigne : « Réécris ce texte dans un ton plus journalistique et vivant, en respectant une limite de 400 signes minimum, 600 signes maximum (espaces comprises). Tu as le droit de t’aider de sources journalistiques trouvées en ligne au sujet de la dépendance de la france aux importations espagnoles de céphalopodes, et sur les projets de fermes de poulpes en Espagne. Tu dois mentionner tes sources. » Je lui indiquerai ensuite moi-même les liens URL des articles visés.
Les premiers articles de presse, du Monde et de Reporterre – qui apparaissent lorsque l’on formule cette requête sur Google – abordent un projet controversé d’élevage de poulpes au large des Canaries. ChatGPT me fournit une réponse calibrée, présentée en plusieurs chapitres, mais vide d’informations. L’IA me fait la liste des grands impacts de la pêche sur l’environnement, sans vraiment donner d’exemples, et encore moins celui que je cherche. À ma surprise, il me glisse aussi les solutions à apporter, sans que je le lui ai demandé, en formulant, à l’inverse, des réponses concrètes et sans donner de sources : « Pour atténuer ces impacts, il est crucial de mettre en œuvre […] l’établissement de quotas de pêche, […] l’utilisation de méthodes de pêche plus sélectives qui réduisent les captures accidentelles, et la promotion de l’aquaculture responsable et écologiquement viable. » Je garde certains paragraphes, auxquels j’ajoute des informations glanées de mon côté et je reformule certaines phrases.
Dernier défi : je dois créer des graphiques pour accompagner mon article et je me retrouve à réaliser cette dernière tâche sur Adobe Illustrator. Problème : je ne sais pas utiliser l’outil. Je me retourne vers ChatGPT : « Je suis en train d’utiliser Adobe Illustrator 2023 pour améliorer un visuel .svg et l’adapter à la charte graphique du média dans lequel il sera publié. Tu vas m’aider à réaliser ce que je veux faire en répondant à mes questions et en m’expliquant pas à pas les choses à faire. Prêt ? » Avantage de l’intelligence artificielle : je me sens à l’aise de lui poser les questions les plus élémentaires : « Comment zoomer ? », « Comment trouver l’outil main ? ». ChatGPT me répond efficacement et clairement. Après quelques heures de travail sur Illustrator, je regarde satisfait mon infographie.
La récupération de données structurées en tableur à partir de PDF reste insatisfaisante dès lors que les données dans le PDF ne sont pas présentées sous la forme d’un tableau. Pas de temps gagné.
Sur la recherche d’informations sur un sujet précis, ChatGPT n’est pas le bon allié non plus. Un bon rappel que ce n’est pas un moteur de recherches.
Sur l’apprentissage rapide d’un outil, en l’occurrence Illustrator, le temps gagné est inestimable. On a tous les avantages du tutoriel avec en plus la personnalisation du prof virtuel.