Ingrédient indispensable pour le guacamole et les avocado toasts, l’avocat attire la convoitise des narcotrafiquants mexicains. Depuis quelques années, les cartels armés se sont emparés de ce potentiel économique, aux dépens des producteurs de cet « or vert ».
Le Mexique est le leader mondial de l’avocat, avec 28 % de la production mondiale en 2023, d’après le département de l’agriculture des États-Unis l’USDA. Les cartels armés usent de la violence pour s’insérer dans le marché de l’avocat. Les faits de violence se concentrent principalement dans l’État du Michoacán, qui à lui tout seul produit 73 % des avocats mexicains.
Boîte noire
ChatGPT 4
HeyGen
Midjourney
Leonardo AI
Avant même de commencer la vidéo à proprement parler, j’ai utilisé ChatGPT pour faciliter mes recherches en chiffres officiels. À chaque fois, j’ai demandé à l’IA de préciser ses sources pour vérifier derrière. La méthode s’est avérée efficace. J’ai voulu réitérer la démarche pour trouver des noms de chercheurs qui ont déjà travaillé sur le sujet. L’IA m’a bien proposé des noms d’experts en économie de crise, mais qui n’ont jamais travaillé sur les cartels ni même l’Amérique latine, alors que je l’avais spécifié dans mon prompt.
Une fois toutes les informations collectées, j’ai tenté d’écrire ma voix off avec ChatGPT. Une nouvelle fois, ça a été une perte de temps. Le script proposé par l’IA n’était pas adapté pour une vidéo réseaux sociaux et de journalisme. Les phrases étaient trop longues pour de la vidéo. La fin proposée n’était pas non plus adaptée à un contenu journalistique. Un exemple de ce qu’a écrit ChatGPT comme chute : « Ces avocats que nous consommons, symboles de luttes et d’exploitation, méritent notre attention critique. Pensez-y la prochaine fois que vous en savourez un », en suggérant de mettre une « Musique douce en fond, appel à l’action pour le respect des droits humains et environnementaux ».
Dans un second temps, l’intelligence artificielle m’a servi pour la face caméra. J’ai repris une vidéo de moi, tournée quelques mois plus tôt, pour que HeyGen crée mon propre avatar. Le recours à l’IA pour la face caméra a été confortable, car je n’ai pas eu besoin de tourner et j’ai pu facilement modifier le script prononcé par l’avatar. Avant de pouvoir créer mon avatar à partir d’une vidéo importée, il faut enregistrer le consentement vidéo de la personne en question. Le résultat, bien qu’imparfait, reste assez bluffant à mes yeux, même si le mouvement des mains n’est pas toujours adapté et l’intonation monotone.
Une fois l’avatar créé, je me suis lancée dans la génération d’images avec Midjourney. Si la plupart des séquences ne sont pas parfaites, c’est parce qu’il y a eu quelques hallucinations à cette étape. Ce n’est pas toujours évident à contrôler. Mais au fil des images, j’ai appris à ne plus être trop exigeante. À partir d’une première image satisfaisante, il a été facile de répéter le style (avec –sref) pour garder une cohérence entre toutes les générations. Pour illustrer les cartels, je n’ai utilisé que le terme « narcos » dans mes prompts. Les représentations correspondent uniquement à l’image que se fait Midjourney des narcos.
J’ai été surprise de constater que Midjourney ne génère pas correctement le drapeau mexicain. L’IA m’a proposé des mélanges avec le drapeau péruvien et d’autres nationalités. Il a fallu que je corrige la version la moins erronée, qui comportait un cercle orange dans la partie rouge du drapeau national, avec l’outil « Vary region ».
Ensuite, j’ai animé ces images sur Leonardo. J’ai trouvé difficile d’avoir la main sur les mouvements. Il m’a fallu du temps pour maîtriser la génération de vidéos via Midjourney puis Leonardo, mais une fois la combine trouvée, j’ai pu créer facilement mes plans d’illustration. Ce qui aurait été, pour ma part, beaucoup plus fastidieux sur un logiciel de motion design.
Je trouve les outils intéressants pour générer des images d’illustration. Cela change des banques d’images et permet de correspondre davantage à l’identité visuelle de son média. Mais éthiquement, je ne juge pas moral de recourir à l’IA pour des plans à proprement parler avec des personnes, des lieux, etc. Ces générations peuvent porter à confusion entre ce qui est réel et artificiel. C’est pourquoi j’ai tenu à garder un style jeux vidéo dans les générations, pour souligner que ces images ne sont pas réelles.
Dans ce cas d’école et d’expérimentation, ça a été une solution pour pallier au manque d’accès à des images sur le sujet, mais je ne réitérerai pas la méthode dans un autre contexte.
En revanche, je pense me servir de nouveau de l’IA pour la recherche de données en vérifiant la source, comme un moteur de recherche amélioré. Pour la structure et l’écriture journalistique, l’IA n’égale pas l’intelligence humaine. En tout cas, pour l’instant.